Out Run

Out Run surgit en 1986 dans les salles d’arcade. Yu Suzuki, jeune concepteur, veut recréer la sensation de la route libre. Il imagine un conducteur au volant d’une Ferrari Testarossa décapotable filant sous un soleil éclatant. L’ambiance évoque la Californie, ses palmiers et ses côtes lumineuses. Le joueur démarre, serre le volant et fonce vers l’horizon. Le moteur rugit, les pneus crissent. Le temps s’égrène sans pitié.

Chaque segment du trajet propose un choix. À gauche, une voie tranquille bordée de sable fin. À droite, une route tortueuse menant vers les collines. Les checkpoints défilent et le chronomètre impose la tension. En cas d’erreur, la voiture dérape dans un nuage de poussière. Le joueur recommence aussitôt, plus précis et plus rapide. Cette succession de tentatives crée une énergie constante. Grâce à la technologie Super Scaler, les décors défilent avec une fluidité spectaculaire et accentuent la vitesse. En redimensionnant dynamiquement les sprites, elle crée une illusion de profondeur, transformant les routes et paysages en un monde presque en 3D. Par conséquent, Out Run devient une expérience sensorielle unique.

Dans les versions Deluxe, la cabine hydraulique bouge réellement. Les virages font pencher le siège, les accélérations plaquent le corps. Le joueur vit la course de l’intérieur. Les salles d’arcade résonnent de cris et de rires. Les curieux observent, fascinés, tandis que les habitués perfectionnent leurs trajectoires. Avant chaque départ, un autoradio virtuel permet de choisir une bande-son signée Hiroshi Kawaguchi : Magical Sound Shower, Passing Breeze ou Splash Wave. Ces rythmes jazz-funk enveloppent la partie d’une atmosphère estivale et légère.

Très vite, Out Run conquiert le monde. Sega en vend près de 30 000 bornes avant 1994. Les versions domestiques suivent sur Master System, Amiga et Mega Drive. Les graphismes perdent en finesse, mais l’essence demeure. Le joueur pilote toujours contre le temps, choisit sa route et ressent la liberté. Le système simple, associé à une réalisation fluide, maintient l’attention et favorise une rejouabilité immédiate. Les magazines spécialisés saluent la précision de la conduite et la richesse visuelle.

Les suites prolongent le concept. Turbo OutRun (1989) ajoute des poursuites policières. OutRunners (1992) introduit le multijoueur. Out Run 2 (2003) transpose le tout en 3D. Chaque titre conserve le principe des embranchements et la tension du chrono. Le plaisir de la route reste intact, soutenu par la musique et la vitesse.

Au fil des ans, la Ferrari rouge devient un symbole reconnaissable. Les artistes synthwave reprennent ses couleurs, ses sons et ses lignes. Les joueurs d’aujourd’hui rallument leurs bornes d’époque, lancent Magical Sound Shower et laissent la route avaler le temps.