L'opération Magic Carpet

L'opération Magic Carpet désigne une vaste campagne d'évacuation aérienne menée entre 1949 et 1950, dans le contexte de l'après-Seconde Guerre mondiale.. Elle visait à transférer environ 49 000 Juifs yéménites vers Israël. Face à une montée des violences antisémites au Yémen, notamment après les émeutes sanglantes d'Aden en 1947, cette opération a été perçue comme une réponse urgente à une situation critique. Les autorités israéliennes, avec le soutien logistique de la Joint Distribution Committee et d'Alaska Airlines, ont organisé près de 380 vols depuis la colonie britannique d'Aden. Ces vols ont permis à ces communautés de fuir un climat d'insécurité croissant.

Ces évacuations se sont déroulées dans des conditions souvent précaires. Dans plusieurs cas, des villages entiers ont disparu du jour au lendemain. Dans ce cadre, l'opération Magic Carpet a pris une ampleur logistique inattendue. Les familles ont quitté leur foyer avec peu d'affaires, parfois à pied, sur de longues distances, avant de rejoindre les points de départ. Cette désorganisation a provoqué des ruptures dans les liens familiaux. La précipitation générale a accentué les risques. Elle a révélé les failles d'une organisation déjà sous pression. Les organisateurs ont improvisé des solutions d’urgence face à l’imprévu.

L'opération s'est déroulée dans un contexte mêlant aspirations messianiques des Juifs yéménites et intérêts politiques d'Israël. D’ailleurs, l'historienne Esther Meir-Glitzenstein a critiqué la gestion de l'opération. Elle a souligné des conditions sanitaires déplorables dans les camps de transit, ainsi qu'un manque de préparation. Dès le début, l'opération Magic Carpet a révélé de graves défaillances. Des centaines de personnes ont péri en route ou dans les camps. Ces morts ont mis en lumière les défis logistiques et humains de cette entreprise.

En parallèle, la question du statut des nouveaux arrivants a rapidement généré des tensions internes. Plusieurs institutions chargées de leur accueil ne disposaient ni du personnel ni des ressources adaptées. Pour aggraver la situation, les autorités ont parfois négligé les besoins médicaux urgents. Dès lors, la centralisation des décisions à Tel-Aviv a aussi ralenti certaines interventions. Pourtant, dans son exécution, l'opération Magic Carpet visait à éviter un effondrement humanitaire régional.

Par ailleurs, l'intégration des Juifs yéménites en Israël a soulevé des questions sensibles. Des allégations de disparitions d'enfants dans les camps de transit ont émergé, donnant lieu à ce que l'on appelle l'affaire des enfants yéménites. Bien que des enquêtes aient été menées, les réponses officielles n'ont pas toujours dissipé les doutes. Ce flou a alimenté un sentiment de méfiance au sein de la communauté concernée. L’administration israélienne a par la suite admis des manquements, sans pour autant les relier directement à l'organisation initiale.