Les Sentinelles

Les Sentinelles vivent sur l’île de North Sentinel, dans l’archipel des Andaman, en territoire indien. Ce groupe autochtone, numériquement restreint, rejette toute interaction avec le monde extérieur. En tant que peuple le plus isolé du monde, aucune autorité extérieure ne connaît leur langue, leur organisation sociale ni leur origine exacte. Les chercheurs estiment cependant leur présence sur l’île depuis plusieurs millénaires. La chasse, la pêche côtière et la cueillette rythment leur quotidien, sans agriculture, ni élevage, ni forme connue de domestication animale.

En 1956, l’Inde a interdit l’approche de l’île afin de limiter les contaminations extérieures. Malgré cela, certaines expéditions ont tenté de s’en approcher. Les Sentinelles réagissent systématiquement par des signaux de refus ou des flèches précises. En 2006, deux pêcheurs indiens sont tués après qu’un bateau ait dérivé sur leur plage. En 2018, un missionnaire américain est tué après une tentative d’approche illégale et répétée. Ces épisodes rappellent leur volonté constante d’isolement, mais aussi les risques encourus par toute tentative de contact non souhaitée.

Les autorités indiennes ont renforcé la zone d’exclusion autour de l’île. Les survols sont interdits à basse altitude, sans exception ni tolérance. Les embarcations doivent rester à plusieurs kilomètres des côtes. Cette mesure vise à protéger les habitants contre des virus étrangers auxquels ils ne possèdent aucune immunité. Les Sentinelles ont déjà été observés manipulant des objets échoués ou récupérant du métal sur des épaves. Cependant, aucune preuve ne permet de déterminer s’ils intègrent ces matériaux durablement dans leur mode de vie quotidien.

En mars 2025, un homme originaire des États-Unis a été arrêté après avoir tenté d’aborder clandestinement les plages de l’île. Il souhaitait, selon ses dires, "dialoguer par des gestes". Il avait laissé des objets symboliques sur le rivage, puis filmé sa tentative. Les forces de sécurité l’ont intercepté en mer, avant que le groupe insulaire ne le voie ou réagisse. Cette affaire a relancé un débat autour de la protection des sociétés sans contact. Des ONG ont salué l’intervention rapide des gardes-côtes dépêchés pour intercepter le bateau en infraction.

Jusqu’à présent, personne ne sait combien d’individus vivent sur North Sentinel. Les estimations oscillent entre 50 et 200 personnes. Les images aériennes montrent des huttes et des regroupements mobiles, mais ne permettent aucune conclusion fiable. Les Sentinelles, bien qu’invisibles dans le débat public mondial, restent au cœur des préoccupations de plusieurs anthropologues. Leur refus total de contact pose une question unique : comment protéger un groupe humain en refusant de l’étudier ? À cette question, les autorités indiennes répondent par le respect, la distance et le silence.