Les enfants verts de Woolpit

Les enfants verts de Woolpit sont deux figures étranges qui, selon les récits médiévaux, seraient apparues en Angleterre au XIIᵉ siècle. Le village de Woolpit, situé dans le Suffolk, se trouve alors au cœur d’un mystère qui, encore maintenant, intrigue historiens et folkloristes. Les chroniqueurs Ralph de Coggeshall et William de Newburgh rapportent que deux enfants à la peau verte auraient surgi d’un fossé près d’un champ, semblant perdus et incapables de parler la langue locale.

Les témoins racontent qu’ils portaient des vêtements en tissu inconnu et semblaient épuisés. Les villageois les emmenèrent chez Richard de Calne, un notable local, pour les nourrir et les soigner. Cependant, les enfants refusaient toute nourriture sauf des fèves crues, qu’ils mangeaient avec avidité. Avec le temps, ils adoptèrent le pain et les légumes. Leur teint verdâtre disparut ensuite, laissant place à une peau plus claire.

Les enfants verts de Woolpit affirmèrent provenir d’un endroit nommé "la Terre de Saint Martin", un territoire où le soleil ne brillait jamais directement. Selon leurs dires, tout y baignait dans une lumière crépusculaire. Certains historiens, comme Nancy Partner, pensent qu’ils décrivaient un lieu souterrain, tandis que d’autres, par exemple Paul Harris, avancent l’idée d’une allégorie religieuse. Le chroniqueur William de Newburgh évoque aussi un univers parallèle ou un royaume isolé.

La fillette, qui survécut plus longtemps que son frère, apprit l’anglais. Elle expliqua que leur arrivée à Woolpit venait d’un voyage imprévu. Alors qu’ils gardaient le bétail de leur père, ils entendirent une cloche. En la suivant, ils se perdirent dans un tunnel obscur. Ainsi, ils sortirent près du village, incapables de retrouver leur chemin. Cette version intrigue toujours des auteurs comme Jacqueline Simpson.

Au fil des siècles, plusieurs théories ont tenté d’expliquer cette histoire. Brian Haughton estime qu’ils étaient des enfants flamands orphelins dont la famille fuyait les conflits. Leur peau verte pouvait venir d’une malnutrition sévère, par exemple une carence en fer appelée chlorose. D’autres hypothèses évoquent une origine mythologique ou symbolique, rappelant les contes populaires sur les lutins et les êtres féeriques.

Les enfants verts de Woolpit ont inspiré des ouvrages, des études et des œuvres de fiction. Dans les publications universitaires parues jusqu’en juin 2025, plusieurs auteurs, comme Richard Barber, soulignent l’importance de replacer ce récit dans le contexte médiéval. Ils rappellent que la frontière entre croyances religieuses et observations concrètes restait souvent mince. Cependant, aucune preuve matérielle ne confirme leur existence.

Ainsi, l’histoire nourrit l’imaginaire collectif. On la cite souvent comme un exemple de récit médiéval mêlant réalité et légende. Les médiévistes indiquent que cette énigme transmise pendant des siècles reflète les peurs et les espoirs d’une époque marquée par l’inconnu.