Le traité de Qadesh est un accord conclu vers 1259 av. J.-C. entre deux puissances du Proche-Orient ancien : l’Égypte de Ramsès II et l’Empire hittite dirigé par Hattousili III. Bien qu’il intervienne plusieurs années après la bataille de Qadesh, il en découle directement. Cette bataille, survenue autour de 1274 av. J.-C., s’est soldée par une impasse militaire. Aucun des deux camps n’obtient de victoire décisive, ce qui pousse les deux royaumes à privilégier la négociation plutôt que l’affrontement.
Ce traité vise à stabiliser les relations entre les deux États, tout en faisant face à des menaces communes. D’un côté, l’Égypte redoute les incursions venues de l’ouest. De l’autre, les Hittites doivent contenir la pression de l’Assyrie à l’est. Dans ce contexte, le traité de Qadesh pose les bases d’une coopération militaire. Les souverains s’engagent à ne pas s’attaquer et à se soutenir en cas d’agression extérieure. Cette clause, rare à l’époque, donne au texte une dimension politique claire.
Outre les aspects militaires, l’accord traite aussi de questions internes. En cas de rébellion dans l’un des royaumes, l’autre doit prêter assistance. Le document contient une clause d’extradition pour les réfugiés politiques. Chaque partie s’engage à livrer les fugitifs, sans les punir ni les torturer. Ce point, mentionné dans les deux versions conservées, souligne une volonté de respect mutuel. Le texte invoque les dieux comme garants, ce qui lui confère une valeur religieuse en plus de sa portée diplomatique.
Le contenu du traité a été retrouvé sous deux formes : l’une en hiéroglyphes, l’autre en akkadien cunéiforme. Chacune reflète la perspective du royaume concerné, mais les deux se rejoignent sur les points essentiels. Le traité de Qadesh n’est pas signé sur un champ de bataille, mais s’inscrit dans une logique administrative. Il est copié sur des tablettes et affiché dans les lieux de pouvoir, ce qui prouve l’importance que les souverains accordent à la stabilité. Certains historiens estiment que le texte d’origine aurait été gravé sur une tablette d’argent, bien qu’aucune trace matérielle n’ait été retrouvée.
Plusieurs inscriptions égyptiennes présentent l’accord comme une victoire morale de Ramsès II. Les sources hittites, en revanche, mettent en avant la légitimité du règne de Hattousili III. Cette différence ne remet pas en cause le contenu commun, mais révèle des usages politiques propres à chaque camp. L’Égypte utilise le traité pour renforcer l’image du pharaon, tandis que les Hittites y voient un outil de consolidation interne. Les copies préservées offrent ainsi une lecture croisée précieuse pour comprendre les mécanismes diplomatiques de l’époque.