Le fauvisme

Le fauvisme apparaît en France au tout début du XXe siècle. Il naît d’une réaction collective face aux traditions académiques. Plusieurs jeunes peintres rejettent le réalisme conventionnel et les tons assourdis. Ils privilégient la couleur pure, appliquée sans mélange. Le Salon d’automne de 1905 rend ce mouvement visible, notamment grâce à la salle où Matisse expose. Un critique compare leurs toiles à celles de « fauves », surnom qui finit par désigner le groupe.

Dès cette exposition, le fauvisme suscite des débats. Certains spectateurs rejettent cette peinture jugée agressive. D’autres y perçoivent une libération esthétique. Henri Matisse devient la figure centrale, aux côtés d’André Derain, Maurice de Vlaminck et Kees van Dongen. Leurs œuvres utilisent des tons éclatants pour construire les formes. Ces artistes ne cherchent pas à reproduire la réalité, mais à transmettre une sensation immédiate. La perspective perd son importance, remplacée par l’équilibre des plans colorés.

Contrairement à d’autres courants contemporains, ce mouvement n’impose pas de manifeste. Chaque peintre conserve une certaine liberté d’expression. Le fauvisme, cependant, repose sur des principes partagés. L’intensité des teintes, la simplification du trait et l’abandon des ombres en sont les bases. Par ailleurs, les scènes représentées restent simples : paysages, natures mortes, portraits. Ce choix volontaire de sujets accessibles concentre l’attention sur la peinture. Le dessin s’efface souvent au profit d’aplats francs et d’une composition stable.

Ce style provoque des réactions fortes dans le monde artistique. Certains critiques dénoncent un art instinctif, presque enfantin. Pourtant, plusieurs collectionneurs soutiennent ces jeunes peintres. La galerie Bernheim-Jeune les expose régulièrement. Matisse enseigne ses idées à l’Académie, influençant d’autres générations. Le fauvisme traverse rapidement les frontières. En Allemagne, les expressionnistes s’en inspirent. En Russie, Kandinsky suit de près cette évolution. L’intérêt se porte aussi sur l’influence des arts non occidentaux.

Cette période ne dure que quelques années, mais elle agit comme un déclencheur. Les expositions se multiplient jusqu’en 1908, moment où plusieurs membres explorent d’autres directions. Derain se tourne vers une figuration plus structurée, tandis que Matisse poursuit ses recherches sur la lumière. Le vocabulaire plastique mis en place reste très influent. Il prépare les bases de nombreux mouvements du XXe siècle, comme le cubisme, le futurisme ou l’abstraction. Les tableaux fauves concentrent une énergie picturale nouvelle, rompant avec le naturalisme du XIXe siècle.

Même après leur dispersion, les anciens membres continuent de produire. Certains conservent la couleur vive, d’autres reviennent à des formes plus classiques. Leurs œuvres circulent dans les grandes expositions, souvent regroupées sous des thématiques d’avant-garde. Ce moment bref contribue à redéfinir les attentes face à la peinture.