Le barbier fantôme de Pascagoula

Le barbier fantôme de Pascagoula est une affaire qui a secoué le Mississippi à l’été 1942. Dans une petite ville côtière en pleine effervescence, un mystérieux intrus s’introduisait la nuit dans des maisons pour couper des mèches de cheveux. Cette étrange pratique sema la peur dans une population déjà fragilisée par la guerre et la présence massive d’ouvriers mobilisés pour les chantiers navals. Les habitants, contraints de vivre sous couvre-feu, craignaient désormais également les visites silencieuses d’un inconnu insaisissable.

Les premiers incidents touchèrent deux jeunes filles dans un couvent local. Endormies dans leur dortoir, elles découvrirent au réveil que leurs cheveux avaient été sectionnés. Dès ce moment, le barbier fantôme de Pascagoula devint un surnom relayé par la rumeur, tandis que les enquêteurs retrouvaient une empreinte sablonneuse près d’une fenêtre forcée. Les soupçons grandissaient et les patrouilles se multipliaient, sans résultat probant.

Très vite, les événements prirent une tournure plus brutale. Un couple fut violemment agressé dans son lit par un assaillant armé d’une barre de fer. Pour les autorités inquiètes, le barbier fantôme de Pascagoula semblait franchir un nouveau seuil de violence, capable de blesser directement ses victimes. La femme perdit plusieurs dents et son mari fut laissé inconscient. Dans un autre foyer, une habitante se réveilla après avoir senti une odeur étrange, probablement du chloroforme, et découvrit que ses cheveux avaient été coupés. Les habitants parlaient entre eux avec inquiétude, mais les autorités manquaient toujours d’indices solides.

Au cœur de l’enquête, les soupçons se tournèrent vers William A. Dolan, un chimiste formé en Allemagne et considéré comme proche du régime nazi. Très vite, le barbier fantôme de Pascagoula fut associé à son nom dans les discussions locales. Les chiens pisteurs menèrent jusqu’à son domicile, où la police trouva une paire de ciseaux ainsi que des mèches de cheveux humains. Dolan fut arrêté, accusé puis jugé pour tentative de meurtre à l’encontre du couple agressé. Condamné à dix ans de prison, il clama son innocence et subit un test au détecteur de mensonge, jugé concluant par les enquêteurs de l’époque.

Malgré la condamnation, aucune preuve directe ne relia jamais Dolan aux mystérieuses coupes nocturnes. Après plusieurs années, il obtint une libération anticipée, mais les habitants restèrent divisés sur sa culpabilité. Certains voyaient en lui un coupable idéal, choisi dans un climat de peur collective, tandis que d’autres le considéraient comme un homme injustement condamné. Les débats autour de cette affaire témoignent de l’inquiétude profonde qu’elle suscita.

La mémoire de cette histoire survit dans les récits locaux, où l’on évoque encore ces nuits d’angoisse et l’étrange silhouette qui rôdait parmi les maisons endormies.