Barbara

Barbara débute dans les cabarets parisiens au début des années soixante, notamment à L’Écluse, où elle chante Brassens, Brel ou Ferré. Très vite, elle glisse ses propres chansons dans le répertoire et impose son style : un piano, des mots sobres, une écriture sans fioritures. Ce choix touche un public en quête d’intimité et la distingue dans un paysage dominé par la variété orchestrale.

En 1964, elle enregistre Dis, quand reviendras-tu ?, son premier grand succès. L’année suivante paraît Barbara chante Barbara, avec Nantes et Au bois de Saint-Amand. L’album reçoit le Grand Prix du Disque et l’installe parmi les grands auteurs-compositeurs-interprètes. Sa façon d’écrire, à la fois précise et épurée, donne à chaque chanson une identité forte, toujours au service de l’émotion et du récit.

Sur scène, Barbara choisit la sobriété : vêtue de noir, assise au piano, elle met en avant la parole et la musique. Ses récitals à Bobino en 1969 puis à l’Olympia en 1972 marquent les esprits. Ma plus belle histoire d’amour, dédiée à son public, illustre ce lien direct qui ne la quittera jamais. Dans Nantes, elle transforme une douleur personnelle en histoire universelle, tandis que Göttingen devient un chant de réconciliation franco-allemande. Sa présence scénique repose sur la force des mots et la retenue du geste, loin de tout effet inutile.

Les années soixante-dix confirment sa place. En 1970, L’Aigle noir connaît un succès immense dès sa sortie et devient l’un de ses titres qui sera qualifié de tube. En 1972, l’album Amours incestueuses poursuit l’exploration de thèmes intimes et familiaux. Elle enchaîne ensuite les tournées en France et à l’étranger, se produisant dans des salles prestigieuses comme Mogador et le Châtelet.

Dans les années quatre-vingt, Barbara élargit encore son horizon. Elle joue dans Franz de Jacques Brel, puis dans Madame de Claude Chabrol. Elle participe aussi à des créations théâtrales, cherchant sans cesse de nouvelles façons de s’exprimer, tout en continuant à enregistrer et à chanter. Ces détours confirment son goût pour l’exploration artistique, sans jamais sacrifier la primauté du texte et de la musique.

En 1996, elle publie Il était un piano noir, un récit autobiographique où elle revient sur son parcours et son lien au public. Elle disparaît l’année suivante à Neuilly-sur-Seine. Depuis, ses disques n’ont cessé d’être réédités et repris, nourrissant un répertoire que de nombreux artistes font vivre à leur tour. Son exigence d’écriture, la force de ses chansons et l’intensité de ses récitals assurent à son œuvre une place durable dans la mémoire de la chanson française.