Les mangas

Les mangas sont des bandes dessinées créées et publiées au Japon selon des conventions éditoriales propres à leur système de diffusion. Chaque ouvrage suit un sens de lecture de droite à gauche, ce qui influence l’organisation des pages. Le découpage visuel repose sur ce principe, sans jamais s’y soustraire. La lecture du manga n’est donc pas interchangeable avec celle d’une bande dessinée occidentale.

Le mot “manga” existe depuis le XIXe siècle, mais sa forme moderne se stabilise après la Seconde Guerre mondiale. Le Japon développe alors une production de masse tournée vers la narration dessinée. Osamu Tezuka introduit une construction influencée par le cinéma, avec des enchaînements rapides, des cadrages expressifs et des silences graphiques. Ses séries posent une grammaire adoptée par les éditeurs et reprise dans des contextes très variés. Cette codification reste aujourd’hui identifiable dans la majorité des titres publiés, notamment dans les mangas les plus diffusés depuis les années 1950.

Les éditeurs organisent les séries selon des codes éditoriaux internes, sans lien avec la classification habituelle des bandes dessinées occidentales. Le shōnen concerne les garçons adolescents, avec des récits fondés sur la progression et l’action collective. Le shōjo, destiné aux adolescentes, privilégie les relations personnelles. Le seinen s’adresse à un public adulte, souvent avec des thèmes réalistes ou sombres. D’autres catégories existent, comme le josei ou le kodomo. Ce classement permet de structurer l’offre, sans empêcher les croisements thématiques. Les mangas publiés dans ces catégories obéissent à des formats et des logiques définis par les magazines d’origine.

Lorsqu’ils paraissent d’abord sous forme de chapitres dans des magazines spécialisés, les mangas suivent un rythme éditorial strict. Les éditeurs réunissent ensuite ces chapitres en volumes indépendants appelés tankōbon. Ce système favorise la lecture suivie et la stabilité du marché. Le récit repose sur une construction rythmée, pensée pour s’étendre dans le temps. Le format conditionne le développement narratif, l’évolution des personnages et la temporalité globale de l’histoire.

Traduits à l’étranger, les mangas conservent en général leur structure originale. En France, les éditeurs les publient avec un décalage, tout en respectant la mise en page initiale. Les éditeurs locaux adaptent parfois certains éléments, uniquement pour des raisons juridiques précises. Bien que leur diffusion dépasse largement le Japon, ils restent associés à un système culturel très codifié.